Descriptif : Fils de Léonard Nadaud, maçon émigrant et de Marie Miyon, Martin Nadaud grandit dans la petite maison familiale de la Martinèche aidant sa mère dans les taches ménagères et agricoles pendant que son père et son grand-père parcourent neuf mois par an les chemins de la migration. A l'âge de sept ans, il reçoit les rudiments d'instruction auprès de Jean Faucher, marguillier à Pontarion, et de Dyprès établi à Saint-Hilaire-le-Château. Le 26 mars 1830, il part avec les maçons émigrants à Villemonble puis à Paris pour mener la pénible existence d'ouvrier maçon, travaillant 12 à 15 heures par jour pour 40 sous, logeant en garni, et ne mangeant que de maigres repas. C'est à cette même époque qu'il s'enthousiasme pour la politique au cours des évènements de juillet 1830. Il participe aux manifestations républicaines, aux émeutes des premières années de la Monarchie de Juillet (1830-1848), et adopte les thèses collectivistes d'Etienne Cabet. Assoiffé de connaissance, il fréquente également les écoles mutualistes du soir et les cours payants, puis dispense, jusqu'en 1848, son savoir à ses compagnons de labeur bien souvent illétrés. Le 23 février 1839, après une campagne fructueuse, il revient pour la quatrième fois dans la Creuse et se marie avec Jeanne-Julienne Aupetit. Elle lui donne une fille unique, Désirée, qui aura à son tour trois enfants : Marie, Hélène et Louis. De retour à Paris il mène de front son travail de maçon et ses activités politiques. Sa réputation et son implication ne cessent de croître et après un échec à l'élection à l'Assemblée constituante le 23 avril 1848, il est élu député de la Creuse le 13 mai 1849. Il quitte alors la truelle pour monter à la tribune et intervient dans les questions d'urbanisme, de législation ouvrière et de politique extérieure. Suite au coup d'état de Louis Napoléon le 2 décembre 1851, Martin Nadaud est banni par décret le 9 janvier 1852. Il s'exile en Belgique puis en Angleterre où il reprend son métier de maçon. Il devient par la suite instituteur à Londres et à Brighton en 1855, puis professeur de français à l'école militaire de Wimbledon. En Angleterre, il fréquente d'autres exilés tels Victor Hugo, Louis Blanc, Etienne Cabet ou Pierre Leroux. En juillet 1870, alors que l'hexagone déclare la guerre à la Prusse, Martin Nadaud rentre définitivement en France. Léon Gambetta le nomme Préfet de la Creuse le 6 septembre 1870. Il est élu conseiller municipal de Paris le 25 juillet 1871 puis entre à la Chambre des députés le 20 février 1876 comme député républicain de l'arrondissement de Bourganeuf et sera réélu trois fois jusqu'en 1885. Durant ces quatre législatures il appuie encore de nombreuses actions tant dans le domaine social (régime des prisons, accidents du travail, assistance publiqueÂ
) que dans le domaine de l'urbanisme (suppression des murs d'enceinte de Paris, des logements insalubresÂ
) ou dans celui de la politique républicaine (il vote l'expulsion définitive des princes et les poursuites contre le Général Boulanger et la Ligue des PatriotesÂ
). Sa grande fierté d'élu local est d'avoir obtenu la réalisation de la ligne de chemin de fer de Bourganeuf à Vieilleville, inaugurée en 1883. Evincé de la scène politique en 1889 après un échec aux législatives contre Emile Coutisson, Martin Nadaud consacre ses dernières années à la rédaction de ses souvenirs avec Les Mémoires de Léonard (1895). Cet ouvrage constitue un précieux témoignage sur la condition ouvrière au XIXème siècle. En 1898, Martin Nadaud décède dans son village natal où il est enterré à Soubrebost en présence d'une grande foule et de personnalités locales.
Cote : 1J 959