Le Mur des Noms
Ce mémorial aura la forme d'un mur de 2 mètres de haut sur 4 de large en granit sur lequel est apposée une plaque en marbre Carrare (blanc veiné gris), face polie et lettres gravées en noir sur laquelle seront inscrits les noms et prénoms des 206 juifs victimes de l'antisémitisme lors de la Seconde Guerre mondiale et déportés à partir de la Creuse.
Localisation
Le mur des noms est situé rue Hubert Gaudriot, en plein centre-ville de Guéret, en face du Mémorial Creusois de la Résistance et de la Déportation et à côté de la stèle des Justes parmi les nations.
Genèse du projet
Origine
Lors d'une conférence organisée en juillet 2022 par le club de réflexion "Construire", il a été constaté que la Creuse ne possédait pas de mémorial spécifique aux juifs déportés. Pour cette raison, Jean-Luc Léger, président de ce club, par ailleurs professeur d'Histoire-Géographie et élu, a entamé des démarches pour qu'un Mur des Noms soit édifié dans le département. Un comité composé des services du cabinet de la Préfecture, du service départemental de l’ONaCVG, des Archives départementales, des services de la Mairie de Guéret, des représentants du Souvenir français, de l’ANACR, de l’AFMD, de l’AMRD, de l’ARROC a été constitué.
Le pilotage du projet a été assuré par le Service départemental de l’ONaCVG de la Creuse et la Préfecture, le portage financier par la Délégation de l’AFMD et la mise à disposition du terrain par la Mairie de Guéret.
Recherches historiques
La liste des noms figurant sur le mémorial est le fruit d'un très long travail de Christophe Moreigne prolongeant ses recherches d'archives inédites sur les juifs dans la Creuse (Livre La Mention Rouge paru en 2018, préfacé par Christian Vigouroux) notamment aux Archives départementales et au Mémorial de la Shoah. En 2022, l'ouvrage La Mesure J sur les rafles de l’été 1942 dans la Creuse a également été publié sans but lucratif par l'association pour la recherche sur la résistance et l'occupation dans la Creuse (ARROC) présidée par Guy Avizou, professeur agrégé d'histoire. Lors de la présentation de cet ouvrage à Bourganeuf, le 15 juillet 2022, Christophe Moreigne a mis en avant l’absence de monument honorant la mémoire des déportés juifs de la Creuse
La liste de 206 noms a été établie définitivement à Bourganeuf, à l’automne 2022 par Christophe Moreigne à l'issue de l'épluchage et de la vérification de l'ensemble des documents conservés aux Archives départementales de la Creuse, notamment les dossiers miraculeusement conservés des cartes d'identité d'étrangers juifs ou ceux des "dommages de guerre". Ce travail a permis de rectifier ou de préciser certains anthroponymes figurant sur la liste Klarsfeld (Mémorial de la déportation des Juifs de France, édité par l’Association des Fils et Filles des Déportés Juifs de France) de 75 000 noms (l’auteur prévient lui-même en introduction que les noms et prénoms sont ceux des listes d'époque, parfois déformés). L'objectif était d'identifier toutes les familles juives, venues de partout et réfugiées en Creuse, qui furent déportées avant la fin de la guerre. Le tout a été vérifié et croisé afin de n'oublier personne avec toutes les données disponibles du Mémorial de la Shoah et du Mémorial de l’Holocauste de Washington.
Soutien
L’érection de ce monument a été soutenue par la Direction interministérielle de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine (DILCRAH), par la Fondation pour la mémoire de la Shoah, de l’Office national des combattants et victimes de guerre (ONaCVG), par la Ville de Guéret, par le Conseil départemental de la Creuse, par le Souvenir français, par la Communauté d’agglomération du Grand Guéret, par l’Association des maires et adjoints de la Creuse (AMAC), par l’Association pour la recherche sur la Résistance et l’occupation en Creuse (ARROC), par les Amis de la fondation pour la mémoire de la déportation (AFMD), par les Amis du musée de la Résistance et de la déportation de la Creuse (AMRD), par l’Association nationale des anciens combattants et amis de la Résistance (ANACR), par l’Association nationale des membres de l’Ordre national du mérite (ANMONM), par l’Union nationale des combattants (UNC), par la Société des membres de la Légion d’honneur (SMLH), par la Société nationale d’entraide de la médaille militaire (SNEMM), par l’Association des anciens marins anciens combattants (AAMAC), par l’Union nationale des personnels retraités de la gendarmerie, par l’Association des maires ruraux de Creuse (AMR 23).
Objectif du Mémorial
Ce projet a pour but de valoriser et de mettre en avant les travaux de recherches locaux depuis mai 1996, avec notamment un premier colloque, Le sauvetage des enfants juifs de France qui a remporté un succès national. Le département de la Creuse est pionnier dans ce domaine, même si d’autres monuments de ce type sont érigés dans d'autres départements. Il doit également entretenir et maintenir le devoir de mémoire et de vigilance afin que les générations actuelles et futures prennent conscience notamment du courage des Creusois et des Justes, mais aussi des atrocités qu'entraînent l'antisémitisme et le racisme.
L’objectif était de travailler pour la création d'un monument, afin de commémorer la déportation de juifs à partir de la Creuse entre 1942-1944. En effet, mis à part une stèle en hommage aux Justes de la Creuse à Guéret et un monument pour les résistants déportés à Aubusson, aucun monument ne rappelle les noms de ces familles juives.
Il vise à leur rendre une identité et à sauvegarder la mémoire des victimes juives de la déportation et à ne pas oublier le comportement et le sacrifice des creusois pendant la Guerre. Ce monument doit également permettre la transmission des valeurs de la Résistance aux nouvelles générations, afin de tirer des leçons de l’Histoire.
Il est l'occasion de proposer, à des classes scolaires, des travaux autour de ce mémorial pour expliquer, comprendre et se souvenir des faits, notamment avec les classes-défenses du département, mais aussi toutes les autres écoles.
Informations Complémentaires
Un livret d’explication historique du Mémorial a été rédigé par Guy Avizou, agrégé d’Histoire, Jean-Luc Léger, professeur d’histoire et Christophe Moreigne, historien, qui est aussi à l’origine de beaucoup de recherches historiques. Ce document est un levier auprès des professeurs de l’Education nationale.
Inauguration
Ce monument a été inauguré le 24 juillet 2024 en présence d’autorités régionales et locales, des représentants des structures qui ont soutenu la création de ce monument, des associations patriotiques, de la presse et du grand public. Cette date correspond à l’anniversaire des 80 ans de la dernière rafle ayant été perpétrée à Guéret le 24 juillet 1944.
Commémorations
Ce monument servira pour la cérémonie nationale d’hommage aux crimes racistes et antisémites de l’Etat français et d’hommage aux Justes parmi les nations, tous les ans aux alentours du 16 juillet, date anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv en 1942.