Archives départementales de la Creuse

Les trois parcours de vie

Comme de nombreux autres projets dédiés à la Seconde Guerre mondiale, l’Espace de mémoire refuge et résistances est d’abord né de la volonté d’honorer la Résistance. Très vite, il a dépassé cet objectif pour s’intéresser à tous les aspects de cette période, et notamment au sauvetage des enfants juifs. La Creuse a en effet une histoire particulière à raconter, puisqu’elle fut autant terre de refuge que de résistances.

Le parcours permanent fait la part belle à toutes les formes d’engagement des Creusois. Il s’agissait de restituer l’atmosphère de cette époque marquée par le poids de la propagande. De nombreux documents montrent la violence de ce que fut la Révolution nationale voulue par le maréchal Pétain. Ils permettent de mieux comprendre ce que résister impliquait face au gouvernement de Vichy.

Le choix a été fait d’incarner cette histoire à travers trois personnages fictifs : Denise, Ernest et Jacques. Chacun représente à la fois une période et une thématique. 

- Denise, petite fille creusoise, évoque le début de la guerre, la vie quotidienne et la montée de la Révolution nationale au lendemain de la défaite (1939-1941). 

- Ernest, enfant juif pris en charge par l’OSE (Œuvre de secours aux enfants), évoque l’antisémitisme et le sauvetage au moment des rafles (1942). 

- Jacques, jeune ouvrier creusois refusant le STO, présente le parcours d’un résistant qui choisit le maquis, jusqu’à sa déportation (1943-1945). Tous ces personnages sont inspirés de témoignages bien réels, rassemblés pour mieux immerger les visiteurs dans le contexte de cette époque.

Le parcours propose également un véritable discours historique, qui fait correspondre le contexte national, voire international, à la situation particulière de la Creuse. Les textes et documents viennent éclairer les différentes formes prises par la résistance. La Résistance elle-même, armée ou légale, est sans doute la mieux connue et la plus étudiée. Mais le territoire a connu de multiples gestes de solidarité, parfois modestes. L’accueil des enfants juifs par l’OSE, puis des enfants venus de Boulogne-Billancourt, au moment des raids aériens contre les usines Renault, et la solidarité dont ont témoigné les habitants en sont la manifestation la plus éclatante.

L’entraide est allée bien au-delà du simple devoir de fournir un toit et de la nourriture. Il y eut tous les gestes moins organisés : les justes qui ont caché, de leur propre initiative, des juifs, le soutien offert aux réfugiés en fuite, la nourriture donnée à ceux qui se cachaient ou fournie gratuitement à l’OSE. La Creuse fut une terre de solidarité qui a su protéger, un peu mieux qu’ailleurs, ceux qui fuyaient les Allemands ou la collaboration.

C’est une histoire qui a aussi une part d’ombre. La collaboration et les dénonciations ont existé, ici comme ailleurs, la peur d’agir également. Ces sujets, tout aussi importants, doivent faire l’objet d’un travail plus approfondi et nuancé. L’histoire ne doit pas être le tribunal d’une période, ni servir à désigner des personnes à la vindicte. Elle doit prendre le recul nécessaire pour tout prendre en considération et pour comprendre ce qui a pu conduire certains jusqu’à l’horreur.

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